Philoséries "Philosopher avec les séries télévisées"
Episode n°3 24 heures chrono
Vendredi 24 juin 2011 Ecole Normale Supérieure, 45 rue d’Ulm, 75005 Paris, Salle Jules Ferry (entrée libre)
Argument
** Argument ** Programme ** Programme en pdf ** Affiche ** Enregistrements audio (site ENS)
** Appel à articles complémentaires à remettre avant le 1er juillet 2014: consulter l'appel initial et suivre les consignes de la revue TV/Series
Dans le cadre du cycle « Philosopher avec les séries télévisées », ouvert en juin 2009 par un colloque sur Buffy contre les vampires et poursuivi en 2010 par la journée d’études « Séries d’élite, culture populaire : le cas HBO », nous proposons de faire porter notre troisième épisode sur la série 24 heures chrono.
Produit par Joel Surnow et Robert Cochran, ce feuilleton diffusé entre 2001 et 2010 met en scène l’agent spécial Jack Bauer en lutte contre le terrorisme, au sein (et parfois en dehors) de la cellule anti-terroriste de Los Angeles. Légèrement postérieure à Buffy, et particulièrement célèbre pour son caractère addictif, la série est tout aussi marquante pour l’ensemble des années 2000, et présente nombre d’aspects passionnants et controversés, que nous souhaiterions voir abordés.
Au plan formel d’abord, 24 heures chrono est fondé sur le principe d’une stricte unité de temps (une saison en 24 épisodes suit les 24 heures des « journées les plus longues » de la vie du héros). La série innove en outre par l’utilisation régulière des split-screens, et use avec une grande astuce de ces deux ressources. En dépit (ou à cause ?) de son succès, elle ne suscite cependant pas l’unanimité : certains lui reprochent sa difficulté à renouveler ses schémas narratifs, à quitter Los Angeles, ou encore sa tendance à verser dans la surenchère presque grotesque en termes de menace terroriste ou de complot interne à la présidence des Etats-Unis.
Au plan politique justement, 24 a incontestablement été le lieu d’innovations cruciales, comme le fait de mettre en scène dès 2001 un homme noir candidat à la présidence, puis président des Etats-Unis (David Palmer), et dans les dernières saisons une femme présidente (Allison Taylor). La série offre de façon générale une perspective politique et historique spécifique sur les années 2000, laquelle sera certainement très intéressante à examiner. C’est pourtant sur ce même plan des valeurs politiques, et plus largement morales, que beaucoup de critiques ont été formulées. On a par exemple reproché au feuilleton de fonder trop souvent ses dilemmes moraux sur des situations caricaturales, où le choix met systématiquement en balance le sacrifice de quelques-uns avec le bien du plus grand nombre. Les critiques se focalisent cependant surtout sur deux aspects : 24 heures chrono constituerait un plaidoyer sans fard pour l’usage de la violence, et de la torture en particulier; et il distillerait au fil des épisodes une vision négative de la communauté musulmane, dans le contexte délicat des années post-11 septembre (la première diffusion du feuilleton prévue pour septembre 2001 avait d’ailleurs été décalée de deux mois).
Faut-il alors mettre la série au ban des productions hollywoodiennes, ses indéniables qualités divertissantes et formelles aussi bien que ses aspects plus libéraux devant être interprétés comme le moyen de d’autant mieux véhiculer un ensemble de positionnements éthiques et politiques plus que contestables ? Ou y a-t-il matière à prendre la défense du feuilleton, tant sur les plans esthétique, qu’éthique et politique ?
Comité d’organisation :
Sylvie Allouche, IHPST (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne/Ecole Normale Supérieure)
Sandra Laugier, PhiCo, EXeCO (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne - UFR de Philosophie
EA 3562 Philosophies contemporaines/ EXeCO Expérience et Connaissance
Programme scientifique La Justesse – pratiques et critiques du jugement
en esthétique, langage ordinaire, histoire de l’art